ABBYAC (JARDINS DE L’ABBAYE SAINT ANDRÉ, VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON), 2015


Raphaël Mognetti expose trois grandes sculptures et des petites, ses dernières crées, dans son atelier au Pontet. Elles existent, chacune affirme sa forme d’un réalisme dont le travail du fer contribue à la transmutation qui recèle des énigmes.

Différentes, elles le sont, également selon l’angle de vision, cependant elles possèdent en commun des lettres, cette invention humaine facteur de pensée et d’art. Orphelines ou reliées en une coulée persistante sous un magma ou incrustées dans une branche de fer ou s’élançant hors d’un gouffre vers la liberté ou s’extirpant d’un chaos vertical de débris de congénères, elles sont à chercher, deviner, décrypter.

Elles appellent, elles invitent à converser avec l’univers qu’elles signifient, dont chaque sculpture saisit un moment et un état d’un intense pouvoir d’évocation. La mémoire et le temps, le péril de l’effacement et de la destruction. Signes ou littérature, les lettres inséparables de l’acte de sculpter relient l’archéologie au présent.

En elles, forme et fond fusionnent en des énigmes concrètes, des symboles ravivés, des clichés détournés. Leur multiplicité diverse et l’élan vital, ténu ou allègre ou dressé, se ressent puissance de vie avec une détermination accordée à une précaution vivace. La fragilité et la force de la vie, que ces œuvres crient.

Strophes d’un poème de fer, Archives pétrifiées« La poésie domine l’absurde » (extrait d’une phrase de René Char, L’Age coupant), Non pétrifiable

Micheline B. Servin